Ombres Chinoises
ébrant soixante ans d’échanges diplomatiques entre la France et la République populaire de Chine, « Ombres chinoises. Sous l’œil des diplomates », présentée au Château de Tours du 24 novembre 2023 au 26 mai 2024, met en lumière les œuvres de deux grands photographes, aujourd’hui conservées dans les Archives diplomatiques françaises. L’exposition confronte les prises de vues de monuments célèbres, de paysages ruraux et de portraits saisissants des années 1930 d’Hélène Hoppenot (1894 – 1990) à une analyse photographique documentaire d’André Travert (1921-1993) dont le travail dévoile une société en pleine mutation entre 1947 et 1971. Plus de 200 tirages et documents inédits issus des Archives diplomatiques du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères révèlent ainsi deux visions sensiblement différentes d’un pays à un moment charnière de son histoire.
Depuis le XVIIe siècle, le ministère des Affaires étrangères, d’abord au Quai d’Orsay puis à Nantes et à La Courneuve, conserve les Archives diplomatiques françaises parmi lesquelles celles de diplomates missionnés en Chine. Ces fonds exceptionnels sont composés de nombreux documents, des traités signés par les plus grands noms de l’Histoire de France, aux plus simples dépêches et photographies transmises par les ambassadeurs et les consuls. C’est au cœur de ces derniers que reposent les fonds Hoppenot et Travert que le Jeu de Paume se propose de dévoiler.
Le fonds Hélène Hoppenot comprend plus de 2000 tirages d’époque réalisés dans le monde entier et des milliers de négatifs, soit plus de 11000 images au total. Musicienne, écrivaine, traductrice et surtout photographe, elle réside notamment quatre ans en Chine lorsqu’elle accompagne son mari en mission diplomatique. La passion qu’elle cultive pour ce pays l’incite à acquérir un Rolleiflex pour en garder le souvenir. Imprégnée du milieu culturel et artistique que constituent les ambassades de l’époque, amie de Paul Claudel et Saint-John Perse entre autres, Hélène Hoppenot développe un œil aiguisé qui se traduit dans ses photographies.
Le fonds André Travert comprend plusieurs milliers d’images inédites de la Chine des années 1940 aux années 1970, couvrant la révolution culturelle. Débutant sa carrière diplomatique en tant que secrétaire d’ambassade français à Nankin en 1946, la victoire des communistes et la fondation de la République populaire de Chine en 1949 le conduisent à travailler au consulat général de France à Hong Kong. Méticuleux et consciencieux, il développe et tire lui-même ses photographies soit environ 4700 tirages.
Le travail d’Hélène Hoppenot inaugure cette exposition conçue en deux parties, chacune dévoilant les thématiques propres aux deux photographes. Des vues de monuments inaugurent ce parcours; de la « Porte du Ciel méridional » jusqu’à la tour d’angle nord-est de la Cité Interdite en passant par la Grande Muraille, cette première partie révèle quelques-unes des étapes du voyage d’Hoppenot. La deuxième salle invite à découvrir les multiples paysages de la Chine. Cette œuvre témoigne d’une composition photographique classique propre aux années 1930. Dans une recherche d’authenticité, les tirages dévoilent certains aspects de la culture locale tels les cerfs-volants, constituant un élément essentiel du rituel de la fête de purification au printemps ou le nouvel an chinois, marquant le renouveau de la vie.
Dans les vitrines, le visiteur peut s’attarder sur les albums photographiques originaux de Hoppenot et découvrir des images de militaires nationalistes et les drapeaux de la République de Chine et du Kuomingtang. Ponctuant ce parcours à mi-chemin, une carte de la Chine met en évidence les lieux de prises de vue des clichés d’Hoppenot et Travert présentés dans l’exposition. La deuxième partie se concentre sur l’œuvre d’André Travert, présentée en cinq sections géographiques, montrant l’évolution rapide de la société chinoise durant trois décennies, de la fin des années 1940 à la fin des années 1960. A ses débuts il photographie les régions rurales de l’ouest de la Chine ainsi que Nankin, l’ancienne capitale de la côte Est, où il commence sa carrière diplomatique.
A Pékin, entre 1947 et 1969, le visiteur découvre sa vision assurément documentaire, la photographie devenant un outil pour analyser la société et son évolution. Aspects vestimentaires, affiches de propagande, parade du 1er octobre 1969 commémorant le 20e anniversaire de la République populaire de Chine, ou bien encore la place Tian’anmen, témoignent des réformes engagées par le communisme. Le visiteur découvre également une image de la ville moderne et cosmopolite de Shanghai et de son atmosphère avant et pendant le régime de Mao. Les photographies des affiches et slogans de propagande se mêlent à celles des affiches du cinéma soviétique. Par son sens aigu de l’observation et de l’analyse Travert lègue de nombreux clichés du port et des activités de la ville de Canton. Des vues de la ville de Hong Kong et de Taiwan concluent ce parcours. Dans le cadre de sa mission de valorisation de fonds photographiques nationaux, le Jeu de Paume se réjouit de présenter au public cette exposition inédite.
Plus tard, eh bien, je l’ai connue aussi cette Chine du Nord, la vôtre, chère Hélène, celle de vos magnifiques photographies, […] dans cette représentation que vous nous apportez de l’énorme Chine, de cette survivance à peine défunte des âges fabuleux de la Perse, de l’Égypte et de l’Assyrie, vous n’avez pas choisi pour braquer dessus avec votre objectif l’attention de vos lecteurs […] Tout cela en tout cas m’a aidé, et aidera peut-être un autre contemplateur, à penser la Chine. Quelque chose d’immémorial, de permanent, de démesuré et de clos. Quelque chose qui pour arriver à la conscience de soi-même, au lien de son propre récit, a besoin d’énormément d’espace et de temps. Paul Claudel, texte dans l’album photographique Chine, Paris, Editions d’art Albert Skira, 1946
Commissaire : Pia Viewing
Cette exposition a été produite par le Jeu de Paume, en collaboration avec le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et la Ville de Tours.
Le Jeu de Paume est subventionné par le ministère de la Culture.
Il bénéficie du soutien de La Manufacture Jaeger-LeCoultre, mécène privilégié.
Plus tard, eh bien, je l’ai connue aussi cette Chine du Nord, la vôtre, chère Hélène, celle de vos magnifiques photographies, […] dans cette représentation que vous nous apportez de l’énorme Chine, de cette survivance à peine défunte des âges fabuleux de la Perse, de l’Égypte et de l’Assyrie, vous n’avez pas choisi pour braquer dessus avec votre objectif l’attention de vos lecteurs […] Tout cela en tout cas m’a aidé, et aidera peut-être un autre contemplateur, à penser la Chine. Quelque chose d’immémorial, de permanent, de démesuré et de clos. Quelque chose qui pour arriver à la conscience de soi-même, au lien de son propre récit, a besoin d’énormément d’espace et de temps. Paul Claudel, texte dans l’album photographique Chine, Paris, Editions d’art Albert Skira, 1946
Commissaire : Pia Viewing
Cette exposition a été produite par le Jeu de Paume, en collaboration avec le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et la Ville de Tours.Le Jeu de Paume est subventionné par le ministère de la Culture.
Il bénéficie du soutien de La Manufacture Jaeger-LeCoultre, mécène privilégié.
André Travert
Pékin 1956
Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, Archives diplomatiques, Papiers André Travert. © Liliane Borsuk-Travert, Marc et Serge Travert
André Travert
Pékin 1956
Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, Archives diplomatiques, Papiers André Travert. © Liliane Borsuk-Travert, Marc et Serge Travert
André Travert
Pékin 1947
Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, Archives diplomatiques, Papiers André Travert. © Liliane Borsuk-Travert, Marc et Serge Travert
André Travert
Hangzhou 1956
Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, Archives diplomatiques, Papiers André Travert. © Liliane Borsuk-Travert, Marc et Serge Travert
Hélène Hoppenot
Henan. Allée du tumulus impérial des Song
Vers 1935
Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, Archives diplomatiques, collection Hélène Hoppenot. © Anne Bretel
Informations pratiques :
Château de Tours. 25 avenue André-Malraux
37000 Tours
02 47 21 61 95
www.chateau.tours.fr
Horaires
Mardi à dimanche • 14h – 18h
Fermeture le lundi et le 14 juilletTarifs
Tarif plein 4,40 €
Tarif réduit 2,20 €
Gratuité pour les moins de 27 ans, les scolaires et demandeurs d’emplois
Visites commentéesInformations et réservations :
02 47 70 88 46 • culture-exposaccueil@ville-tours.fr